dimanche 7 juillet 2013

L'expatriée, d'Elsa Marpeau

    L'expatriée  est un roman noir par son atmosphère et les sentiments obscurs qui agitent les personnages. Réécriture de L'Etranger de Camus (dont il y a d'ailleurs une citation en préambule), l'auteur nous livre une autobiographie de son voyage à Singapour, souvenir de son ennui profond, et de la moiteur intolérable qui règne sous ces latitudes. L'écriture se rapproche de celle de l'Etranger, blanche et désincarnée.



     Expatriée à Singapour dans un condo chic où des Français meurent d'ennui, Elsa voudrait commencer un nouveau livre mais elle tourne en rond, écrasée par la chaleur et le désoeuvrement. Sa vie change radicalement lorsqu'arrive Nessim, le nouveau Français  de la résidence qu'elle baptise "l'Arabe blond". Il devient son amant jusqu'à sa mort, deux mois plus tard. Assassiné de plusieurs coups de couteau. Parce qu'elle était sa maîtresse, Elsa devient aux yeux de tous la principale suspecte. Elle ne doit son salut qu'à Fely, sa maid philippine. Mais le prix à payer sera élevé...

"- Nous repoussons les frontières du désert.
La voix de l'Arabe blond se met à trembler. Il s'interrompt: 
- Je ne peux pas raconter dans ces conditions. Je... je n'y arrive pas.
- Il s'agit juste de mentir, dis-je pour l'encourager. De me donner infiniment plus que tu ne possèdes. De descendre tout un fleuve quand les autres, les gens sincères, commencent à peine à tremper leurs pieds dans l'eau. De boire aux fontaines qui coulent dans ta tête, d'offrir des festins imaginaires.de parcourir un continent quand ils traversent un département consultable sur les plans cadastraux."

  J'ai rencontré l'auteur au festival du polar le week end dernier et lui ai posé quelques questions. Salma est l'anagramme de son nom et la narratrice est schizophrène. Beaucoup de choses m'ont dérangée dans ce roman, mais cela contribue sans doute à établir une atmosphère étouffante: le ressassement sur la chaleur humide oppressante, l'attitude de la mère névrosée vis-à vis de sa fille, l'omniprésence de la pourriture, de cadavres en décomposition, la complaisance dans l'ennui morbide, l'ambiance mortifère, l'humanité niée. 


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