mercredi 20 juillet 2016

Tobie Lolness de Timothée de Fombelle, un roman d'aventures miniature par ses personnages, mais gigantesque par son souffle.

                                                           Tome 1: La vie suspendue






Tome 2: Les yeux d'Elisha



L'histoire commence in medias res avec la traque du héros éponyme. Le rythme haletant est donné: ce garçon d'un millimètre et demi ne va pas cesser de déployer des trésors d'énergie durant cette saga, qu'on goûte avec plaisir.

On plonge dans un monde incroyable de rêverie et d'imagination, au coeur d'un chêne fabuleux, où une mouche est un monstre gigantesque, et une goutte d'eau un lac.
Quel héros attachant que ce Tobie Holness, dont les sentiments sont aussi doux que son nom, dont la force et la témérité ne vont que grandir au fur et à mesure des romans!

Tobie est poursuivi par son peuple car son père a refusé de livrer le secret d'une invention visionnaire. Il est le seul survivant et les obstacles vont évidemment s'accumuler sur son chemin.
L'humour très présent, et les personnages attachants, les illustrations de François Place, et la malice de l'auteur qui s'attache à employer des expressions et à leur trouver une origine dans ce monde, sont autant de raisons de tomber en tendresse devant Tobie Lolness.

"Mes parents s'appellent Sim et Maïa Holness, articula Tobie. Mon père est assez grand, il a un rire qui fait des étincelles... ma tête entière tient dans ses mains. Une nuit il m'a donné une étoile. Elle s'appelle Altaïr. (...) Ma mère est plus petite. Elle sent le pain frotté au pollen. Ma mère chante seulement quand elle est seule. Mais vous pouvez l'entendre quand vous dites "je vais faire un tour" et que vous restez, l'oreille collée à la porte... Elle chante.

Meurtres au manoir, de Willa Marsh, un bon vieux roman policier anglais à la Agatha Christie, british à souhait

           Ne vous fiez pas au titre plan-plan et insipide, c'est somme toute un bon polar qui vous attend.

Clarissa reste désespérément célibataire et s'ennuie ferme à Londres. Alors quand elle tombe sur Thomas, un ami d'ami, dans une soirée, qu'elle découvre qu'il est jeune veuf, et qu'il hérite d'un magnifique, somptueux, splendide manoir, elle se dit qu'elle est amoureuse (du manoir, pas du gars). Et la voilà qui fait tout pour obtenir son "mariage parfait".
Une fois la bague au doigt, et installée dans son fabuleux manoir, elle pense avoir gagné la partie. Que nenni! Les deux vieilles tantes de Thomas commencent leur manège diabolique et discutent avec les fantômes de la famille pour savoir qui doit être envoyé ad patres, ou pas.
Voilà notre Clarissa bien mal engagée, et on souffle un peu quand débarque sa meilleure amie pour l'aider.  Soi-disant meilleure amie....



" - Voici l'aspirine, dit Clarissa, mais elle continue de songer aux tantes. ON peut définitivement compter sur elles. Elles ont si bien pris cette histoire de bébé. Je croyais pourtant qu'elles allaient me jeter dehors. Où serais-je aujourd'hui, sans elles?
  La réponse à cette question est assez simple. Clarissa serait dans son appartement, à Fulham, en toute sécurité, sans mari paralysé, sans maison hantée, sans vieilles tantes folles et sans enfant illégitime...."

Journal d'un corps, de Daniel Pennac, où tout est dit dans le titre

Cela commente par un avertissement au lecteur: les pages qui vont suivre ne sont pas de la plume de l'auteur, mais du père d'une amie qui lui a demandé expressément de publier le journal de son papounet:  quelques (il y en des dizaines!) carnets trouvés après sa mort.
Bon.
Encore un roman qui va décrire la vie de quelqu'un qui n'est pas l'auteur. mais je vais forcément me poser la question: ça devient une obsession!
Toujours est-il que Pennac a dû faire un tri dans ce qu'il a choisi de publier. Mais pourquoi le publier à son nom, et pas à celui de cet homme dont on nous raconte la vie, et très intimement? Donc c'est inventé? C'est un journal fictif de ce qui a bien pu se passer chez un homme lambda de ce siècle: né entre-deux guerres, mauvaise relation avec sa mère, père adulé, puis marié, des enfants, un adultère, pépins physiques,  petits enfants, corps qui vieillit, qui lâche... LA vie quoi?!
C'est peut-être une des prétentions de Pennac, comme un roman d'ailleurs, offrir des morceaux de vie. Vraie ou pas, on s'en moque. L'important c'est l'émotion. Et l'amour des mots.



Tout est extrêmement sincère et sent le vécu (si je puis me permettre), et l'on rit, franchement.


Ce journal d'un corps nous fait entrer dans la tête d'un garçon de 12 ans en septembre 1936 et nous emmener jusqu'à ses 87 ans et 19 jours.
Tout est vu via le physique, le corporel.  Son corps est le sujet: ses ressentis, ses douleurs, ses émotions: ce journal nous livre l'intimité d'un homme de 1936 à 2010.

C'était étrange d'être dans la tête d'un homme du XX°siècle, puis peu à peu, je me suis prise au jeu, même si la narration de ses douleurs et autres problèmes physiques était parfois un peu pesante, il demeurait dans son thème, on ne pouvait donc guère le lui reprocher.

" 13 ans, 1 mois, 8 jours            Mercredi 18 novembre 1936

Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose."
(...)

"73 ans, 2 mois                        Mardi 10 décembre 1996
On parle beaucoup de maladie autour de moi. 
"Toi, tu ne peux pas comprendre, tu n'es jamais malade!" Une des vertus de ce journal aura été de préserver tout un chacun des états de mon corps Mon entourage y a gagné en bonne humeur."

73 ans, 2 mois, 2 jours                 Jeudi 12 décembre 1996

Je suis une clepsydre."


Oui. C'est cela. LA vie, quoi.