samedi 17 août 2013

La liste de mes envies, de Grégoire Delacourt ou comment comprendre que l'argent ne fait vraiment pas le bonheur, mais alors, pas du tout.

C'est la mode de faire des listes. tous les magazines féminins nous le conseillent, afin que nous apprenions à jouir du moment présent: la liste de mes réussites, la liste de mes projets, la liste de mes voyages, la liste de mes envies. L'envie. Elle dirige le monde. Elle nous fait lever le matin. Elle nous garde les yeux dans le vague, elle nous fait sourire béatement.



Jocelyne Guerbette, mercière à Arras, a épousé Jocelyn Guerbette, et mène une petite vie simple et tranquille. Quelle probabilité y avait-il pour qu'elle épouse un Jocelyn? Quelle probabilité pour qu'elle puisse s'offrir un jour tout ce dont elle rêve, et quitte enfin son existence étriquée et ennuyeuse?

Cela se lit vite, cela se lit bien. On suit la narratrice dans ses doutes et ses craintes, on s'énerve de son manque d'ambition, de folie, de confiance en elle. Qu'attend-elle pour quitter ce gros porc? C'est l'anti-héroïne par excellence, on la voudrait flamboyante, elle est peureuse et effacée. Elle-même se rêve Ariane Deume, mais elle n'est ni belle, ni n'a de seigneur. On pressent le drame, et c'est là qu'elle se révèle.
A force de vouloir tout gagner, peut-on tout perdre?

"Le bonheur coûte moins de quarante euros. Pendant les cinquante minutes du trajet, je somnole dans l'air feutré du TGV. Je me demande si Romain et Nadine ne manquent de rien maintenant que je peux tout leur offrir. (...) Mais cela rattrape-t-il le temps que nous n'avons pas passé ensemble? Les vacances loin les uns des autres, les manques, les heures de solitude et de froid? Les peurs?
L'argent réduit-il les distances, rapproche-t-il les gens?"
(...)
"Je possède juste la tentation. Une autre vie possible. Une nouvelle maison. Une nouvelle télévision. Plein de choses nouvelles.
Mais rien de différent."

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