lundi 25 août 2014

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire ikea, de Romain Puértolas

C'est un roman dans la verve de Jonas Jonasson, vous savez, "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire".
Un voyage rocambolesque et savoureux, où l'on suit ce fakir dans toute l'Europe, de la France à la Lybie, en passant par la Grande Bretagne.
On comprend tout de suite que c'est un voyage plutôt en voiture avec ces sortes de plaques d'immatriculation qui signalent chaque gros chapitre du bouquin.
L'histoire est désopilante et je serais bien en peine de vous la résumer, en témoigne le titre: avec un titre pareil, on sent que l'on va passer un bon moment, pas comme ce pauvre fakir.
Un roman qui mêle un taulard, un hindou, un chauffeur de taxi gitan et Sophie Marceau mérite qu'on s'y plonge dans les plus brefs délais.



jeudi 10 avril 2014

Thierry Cohen, photographe de villes éteintes

J'ai découvert grâce à ma soeur un photographe du nom de Thierry Cohen, qui prend le parti de capturer les villes en plein jour (donc sans aucune lumière), puis d'inverser le négatif pour les révéler en pleine nuit (toutes lumières éteintes donc, si vous avez suivi :).
Le but étant alors de révéler toute la magie d'un ciel comme on n'en voit jamais plus, avec toutes ses incommensurables et époustouflantes étoiles. On nous offre la voie lactée à portée de main.
T. Cohen a pris un ciel sous la même latitude, et le monte ensuite sur la photo de la ville éteinte.
Le résultat est saisissant:


Voici Rio la nuit. La photographie est l'écriture de la lumière, étymologiquement; et on a ici un bel exemple.






Tokyo by night. En étudiant la photo, on s'aperçoit qu'elle a même un côté angoissant. Absolument personne! Juste la lumière des étoiles.






San francisco. Toujours la voie lactée. L'immensité est comme accentuée, démultipliée. Juste le ciel, et la terre.



Enfin, ma préférée: Paris sous les étoiles. C'est la plus magique. Qui révèle la ville dans toute sa beauté et son mystère.


L'analphabète qui savait compter, de Jonas Jonasson, une épopée délirante et réjouissante.

Après Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, son premier livre, on reconnaît facilement la patte de Jonas Jonasson, ne serait déjà que dans le titre farfelu, qui annonce la couleur tout aussi hétéroclite et déjantée de l'histoire qui va suivre.



C'est comme pour Le vieux...., l'histoire d'un périple improbable, inouï, fabuleusement drôle,  où le destin est roi.
Nombeko Mayeki est une petite fille noire née dans le plus grand bidonville d'Afrique du Sud.  Là tout de suite, vous me direz, ça n'a pas l'air super joyeux comme histoire.  Certes. Surtout que celle-ci travaille aux latrines collectives et doit ramasser la m..... des autres pour gagner quelques pièces, qui se retrouveront aussitôt dans les veines de sa mère. Après une telle entrée en matière, on se dit que la petite ne va pas faire long feu, et que le roman va vite s'achever. Que nenni. Le Destin entre en scène. (enfin! parce que là c'était même trop). Nombeko sait compter, mais pas comme vous et moi: non, c'est un prodige. Et avec ce bagage-là, elle va entamer son aventure et faire des rencontres loin de son pays, bien loin, et se mêler de politique internationale.

C'est aussi savoureux que le premier roman, on retrouve les mêmes ingrédients, et l'on passe un très bon moment. C'est construit assez admirablement, où tout s'imbrique à la fin, où le Destin se marre bien, et nous aussi.

"Par chance, il se trouva que Nombeko, alors âgée de treize ans, fut importunée par un vieux libidineux dans les douches des vestiaires des videurs de latrines. Avant que l'individu ait eu le temps d'arriver à ses fins, la gamine le ramena à de meilleures pensées en lui plantant une paire de ciseaux dans la cuisse.
Le lendemain, elle alla le trouver de l'autre côté de la rangée de latrines du secteur B. Il était assis sur un siège de camping, la cuisse bandée, devant son taudis peint en vert. Sur les genoux, il avait... des livres.
- Qu'est ce que tu veux? lui demanda-t-il
- Je crois que j'ai oublié mes ciseaux dans ta cuisse, monsieur, hier, et je voudrais les récupérer.
-Je les ai jetés.
- Dans ce cas, tu m'en dois une paire. Comment se fait-il que tu saches lire?"


Karoo, de Steve Tesich, ou la noirceur cynique à l'état pur.

     Je l'avoue, c'est d'abord, la couverture qui m'a interpellée et attirée. Gris miroir, avec deux hommes qui s'empoignent et dont on ne voit pas la tête. Elle est assez à l'image de la noirceur tragique du roman, de sa violence latente.



      Trois parties: New York, Los Angeles, Sotogrande, où l'on suit Saul Karoo dans ses délires et ses névroses. Egoïste et pathétique, il est script doctor,  a fait fortune en saccageant des chefs d'oeuvre du cinéma pour les rabaisser aux exigences hollywoodiennes. Tout le monde l'appelle Doc, et le tient en haute estime, son fils Billy y compris, alors que Karoo est incapable de quelque démonstration affective que ce soit, sauf s'il y a un public pour voir ça.
Karoo a tellement ingurgité de vodka dans sa vie que cela ne lui fait plus rien, et qu'il en est réduit à mimer l'ivresse en soirée pour contenter tout le monde et parfaire sa réputation.
        Puis sa pauvre vie l'amène à rencontrer Leila Millar, jeune actrice pathétique elle aussi, qui rêve de devenir une star, tandis qu'elle est serveuse. Etonnament, il se prend d'affection pour elle, et est prêt à tout faire pour qu'elle connaisse le succès.  Mais comme toujours, s'il fait cela, c'est qu'il y a une raison, un secret inavouable derrière tout cela.

Le début est un peu lent, et l'on voudrait s'attacher à ce personnage, mais c'est absolument impossible: trop cynique, trop mou, trop con: on a envie de l'empoigner comme sur la première de couverture et de le secouer.  On pressent l'inéluctable dans les non-dits, les silences et les regards lourds. Et l'inéluctable arrive.

"Je trébuchais à chaque pas, tanguais et titubais, je bousculais les gens, m'excusant d'une voix enrouée quand je renversais un peu du contenu de leur verre, avant de continuer ma route en faisant de mon mieux pour avoir l'air ivre, et donc, normal. Cela ne m'amusait pas du tout d'être un imposteur. C'était déjà assez gênant d'être un alcoolique rasoir et irresponsable, qui de surcroît commençait à prendre de l'âge, sans maintenant devoir assumer une nouvelle identité dans le but de dissimuler un autre problème, bien plus calamiteux celui-là."


jeudi 13 mars 2014

Muchachas, de Katherine Pancol, la suite des écureuils.... ou pas.

Mon mec s'est dit: "le dernier Pancol, chouette! Je vais l'offrir à ma femme, ce qui me laissera un peu de répit le temps de faire quelques parties de 2K..."

Il ne s'est pas trompé: je sus toujours heureuse d'accueillir un Pancol, même si le titre me désarçonne un peu. Enfin pas tant que ça. Depuis toujours, elle écrit pour les femmes, sur les femmes, leurs amours, leurs histoires, leurs emmerdes.

Le livre commence et je constate avec bonheur qu'elle reprend les personnages de la trilogie Les yeux jaunes: Joséphine, Hortense, Philippe, Gary.  Chic, me dis-je, c'est la suite!

Que nenni, après les avoir suivi à Londres, New York, ou Sienne, on atterrit dans un village de Bourgogne, avec d'autres personnages inconnus, ceux-ci. Quid?  Des femmes qui se battent elles aussi. Une qui se fait frapper par son mari et sa fille qui a fui et essaie de s'en sortir vaille que vaille.

Je déchante. Rien qui ne me fasse rire ou rêver. Au contraire. Je fulmine, j'enrage. Le sujet me révolte, me révulse. Elle a voulu écrire sur les femmes battues, sur les injustices faites aux femmes.
Bien. J'attends une punition des méchants à la fin. Mais rien.
Rien ne vient. Impunité pour les infâmes salauds, les raclures ignobles. Le livre se termine brusquement, et me laisse sur ma faim.
Déçue. Il faut du temps pour que toutes mes colères retombent.



J'apprends que c'est une trilogie. Ah. Mais j'ai quand même l'impression qu'elle s'est servie de son succès avec les Cortès pour nous appâter et nous faire entamer cette trilogie-là.



Enfin je lirai certainement les deux autres.

"Jamais il n'aurait pensé qu'un jour, il aurait une femme, un enfant. A Aramil, on ne faisait plus d'enfant. L'enfant, c'est une promesse faite au temps. Un dessin d'avenir."

Jack et la mécanique du coeur, adaptation du roman en film d'animation

Délicieux de retrouver l'ambiance de la Mécanique du coeur sur grand écran. Mathias Malzieu a supervisé, c'est donc fidèle à tout ce qu'on avait imaginé, la musique en plus.
Car après la musique des mots, Malzieu installe sa musique sur les images toujours éminemment poétiques du film. Les voix de Malzieu,  Rochefort, Olivia Ruiz, Grand corps malade, et Rossy de Palma s'accordent parfaitement aux personnages et contribuent à fabriquer une atmosphère entre Tim Burton et Le Petit Prince. Harmonieux, Métaphorique, Magique!
Le nôtre bat fort, très fort.




Demain j'arrête, de Gilles Legardinier

        Au vu de la couverture et du titre, ce n'est pas le genre de bouquin qui m'attire. Mais c'est un cadeau et j'ai envie de choses primesautières, donc je l'ouvre.
        Julie  Tournelle est une jeune femme un peu craintive qui collectionne les losers, et s'ennuie à mourir dans son boulot de banquière. Rien de folichon jusque là. On sent bien que l'arrivée d'un homme va chambouler tout ça. Et cet hombre, c'est Ricardo Patatras. Oui, oui, vous avez bien lu. Avec un nom pareil, pas moyen de rester indifférente, surtout qu'il est beau et ténébreux, forcément.
      Voilà donc Julie qui l'épie à travers son judas, qui se coince bêtement la main dans sa boîte aux lettres, qui se met au jogging alors qu'elle n'a jamais couru qu'après le bus,  enfin toutes sortes d'actions sottes et désopilantes, qui vont aboutir à une rencontre et à une histoire d'amour. Of course.
       Ce n'est pas le livre de l'année, mais ma foi on passe un bon moment. Ce n'est pas enchanteur, mais c'est sympathique.


" J'étais comme une folle. J'aurais voulu ouvrir la porte, rallumer la lumière et rentrer assez vite pour qu'il ne me voie pas afin de l'observer bien à l'abri derrière mon oeilleton. Il a dû se faire un mal de chien. Il s'est frictionné. Je ne sais pas où, il faisait noir. Il a redit deux gros mots, puis est monté à tâtons. Là, tout de suite, j'aurais crevé les yeux du crapaud qui avait réglé la minuterie si courte. Ricardo Patatras est là, je sens sa présence, j'entends ses pas, j'entends ses pas de l'autre côté de ma porte."

lundi 24 février 2014

Cet instant-là, de Douglas Kennedy

      J'ai eu d'abord du mal à entrer dans l'histoire: l'écrivain new yorkais qui se sépare, qui fait un bilan amer et qui se souvient d'un amour perdu il y a trente ans, Joël Dicker l'a fait et fort bien. J'ai éprouvé beaucoup de difficulté à me replonger dans un livre après l'affaire Harry Quebert, tant celui-ci m'a captivée, tant je l'ai trouvé fabuleux. Tous les autres après me paraissaient fades et insipides.

      Puis la réception du journal de son premier amour lui donne l'occasion de faire un flash back sur ces événements qui l'ont marqué à jamais: la rencontre avec son premier et véritable amour.



        Nous voilà à Berlin, en 1984. Thomas Nesbitt, le narrateur, voyage beaucoup et écrit sur ses périples, mais c'est surtout un prétexte pour fuir. Fuir ses parents, fuir les femmes qui tombent amoureuses de lui, fuir dès lors que le bonheur approche.
       Très vite je me sens oppressée: il réussit très bien à décrire le Berlin des deux cotés du mur, et l'on se demande encore, comment, il y a à peine 30 ans, cette situation a pu exister. Thomas "voyage" et traverse la frontière de Berlin ouest pour se rendre à l'est, et se faire un petit trip communiste. La surveillance omniprésente, l'absence de liberté, les autorités omnipotentes achèvent d'oppresser le lecteur, qui a hâte que Thomas rejoigne le coté ouest, où il s'est trouvé une coloc avec un peintre camé, mais qui au moins le laisse respirer.
       Pour arrondir ses fins de mois, il se trouve un job à Radio Liberty, et rencontre sa traductrice: Petra.   Naît entre eux une passion incroyable, un amour torride. On se dit même que c'est trop. Trop beau, trop parfait pour être vrai. On s'ennuie même un peu. Puis il arrive à nous tenir en haleine avec la suite, avec le journal en question. En effet, on change de narrateur: on a accès au journal intime de Petra. Après avoir eu la version de Thomas, nous avons celle de l'"Ossie" (oui car Petra vient du côté Est de Berlin avec tous les sous-entendus et questions que cela implique). Car évidemment, c'est une histoire d'amour qui finit mal.
Et on se demande pour finir: cet instant-là, duquel s'agit-il?
De l'instant où l'on tombe amoureux? L'instant où l'on saisit que c'est l'homme/ la femme de notre vie? Où l'on réalise qu'on va le perdre? Le premier baiser?  Le réveil après la première nuit?

      "Il y a  la route. Le jour suivant. Ce qui se profile à l'horizon. L'espoir d'un révélation et la crainte qu'elle ne se présente plus jamais à vous. Le besoin de se dire que la vie vaut pour ses actes II et la nécessité de continuer. La solitude au coeur de la condition humaine et le désir de la rompre, de rencontrer, d'échanger, et la peur inhérente à la rencontre, à l'échange.
       Et au milieu de toutes ces forces discordantes, il y a aussi l'instant.
     L'instant qui peut tout bouleverser ou ne rien changer. L'instant qui nous induit en erreur ou nous révèle enfin qui nous sommes, ce que nous cherchons., ce que nous voulons obstinément approcher et qui restera peut-être à jamais hors d'atteinte.
        Peut-on vraiment échapper à l'instant?"


mercredi 22 janvier 2014

Non je ne suis pas en hibernation, quoique...

Bonjour à tous,

Je voulais m'excuser pour ce long silence, mais ma vie a pris quelques virages en accéléré et ces derniers mois ont été mouvementés… J'ai emménagé dans un nouvel endroit cosy et calme… et j'attends un heureux événement pour le jour de l'été! Je n'ai donc pu vous rendre visite comme je l'aurais voulu et mes lectures se sont un peu espacées, au profit de visites à castorama et autres réjouissances pour la chambre de Bébé ainsi que les nombreux travaux que nous avons entrepris dans notre tout nouveau sweet home.

Mais promis, je reviens très vite, ma PAL devient vertigineuse.
*****L.