vendredi 26 août 2016

Ma vie posthume de Hubert et Zanzim

En deux tomes: "Ne m'enterrez pas trop vite" et "Anisette et formol": le ton est donné, n'est-ce pas?

Emma Doucet est une veuve qui habite une des dernières maisons que le maire de la ville n'a pas encore pu raser. Elle est la narratrice et nous annonce assez rapidement qu'elle est tombée d'un escabeau, puis qu'on lui a, par dessus le marché, tiré dessus, c'est-à-dire qu'on l'a assassinée.
Le lecteur comprend donc qu'elle est morte mais qu'elle continue à vivre, et même bien mieux qu'avant!
C'est drôle et délirant, une histoire à dormir debout: on regrette juste qu'il n'y ait que deux tomes.


PS: Zanzim est l'auteur aussi de l'île aux femmes, dont j'avais parlé un peu avant.


La vie de palais de Richard Malka et Catherine Meurisse

            Je suis Catherine Meurisse depuis ses "grands hommes de lettres", et c'est une BD drôle et acerbe sur la vie d'avocat qu'elle nous présente là. Richard Malka est avocat et avec la dessinatrice ils ont confectionné les aventures d'une avocate Jessica. On se demande tout de suite pourquoi avoir choisi une femme pour parler du métier d'avocat. Peut-être parce que cela prête plus à rire? 


Hou, ça ne va pas me plaire, cela doit donc être autre chose. Peut-être parce qu'il y a plus à dire, que de son point de vue de femme, elle a affaire à encore plus d'obstacles?


Ce n'est pas seulement un BD humoristique, c'est aussi une sorte d'encyclopédie sur le monde judiciaire. Vous saurez tout sur le harcèlement moral, la défense pour tous, la robe d'avocat, la rétention de sûreté, et la 17e chambre.... Ah, la 17e chambre!





Très drôle, très intéressant. Peut s'avérer un bon cadeau pour celui qui va entrer en contact avec un avocat sous peu.

Les intéressants, de Meg Wolitzer

        L'été 1974, Julie a choisi de partir en "colonie de vacances", enfin au USA, on dit plutôt "camp", après le décès de son père, pour essayer de se changer les idées.
Ce camp appelé "Spirit-in-the-woods" est né d'une volonté d'un vieux couple de créer un petit monde utopique, comme cela pouvait se faire dans les années 70. Voilà l'héroïne ( c'est curieux que je mette ce mot "héroïne", car ce n'en est pas une en fait, c'est disons, le personnage principal ) Julie qui tombe en amour pour ce camp: elle va rencontrer en effet quatre autres adolescents qui vont rester ses amis ensuite et que nous allons suivre tout au long du roman: Ethan, un surdoué de film d'animation, Goodman, un joli coeur dont Julie va tomber amoureuse, sa petite soeur Ash, new yorkaise chanceuse et bien née, Jonah, fils d'une célèbre chanteuse folk , et Cathy, qui rêve de devenir danseuse.



      Julie devient rapidement "Jules", rebaptisée par ses amis. Elle les admire tous, et nous paraît comme la petite palôte du groupe, qui n'a aucun talent ni beauté, et qui ne cesse de ressasser les jours heureux de Spirit-in-the-wood.
Ils ont tous un talent, oui, mais ce sera finalement bien elle qui va le mieux s'en sortir: peut-être parce que elle n'avait rien au départ, contrairement aux autres?

Ainsi donc, ces cinq ados se gargarisent d'être jeunes et beaux dans leur tente de colonie de vacances et se proclament "les Intéressants".  Jules s'interroge beaucoup sur cette notion: elle trouve toujours la vie de ses amis plus intéressante, leurs amis, leur maison. Elle se demande sans cesse si elle aussi a un talent: bref elle nous fatigue de ne pas vivre sa vie à force de regarder celle des autres.

J'ai été un peu désappointée par ce roman, je m'attendais à ce qu'il soit beaucoup plus intéressant.

"Les sentiments pouvaient vous submerger de manière soudaine et violente; c'était une chose qu'elle apprenait ici à Spirit-in-the-woods. Elle ne pourrait jamais devenir la petite amie d'Ethan Firman, et elle avait eu raison de lui dire qu'elle n'essaierait plus. Il n'y aurait pas de formation de couple cet été, pas de création de sous-ensemble passionnés, et si , une un sens, c'était triste, c'était également un soulagement à bien des égards car désormais, ils pourraient retourner dans le tapi des garçons, tous les six, et reprendre leur cercle parfait, ininterrompu et permanent."


Le Royaume de Kensuké de Michael Morpurgo

Voici un nouveau Robinson: l'histoire de Michaël qui vit en Angleterre et qui part faire la tour du monde en voilier avec ses parents. Puis une nuit, alors qu'il est de quart, Michael tombe à la mer en voulant récupérer sa chienne Stella.



Il reprend connaissance au matin sur la plage d'une île déserte, et ne sait pas du tout comment il a pu survivre. Le voilà au milieu du Pacifique, terrifié par les bruits de la jungle, sans eau, ni nourriture. Comment va pouvoir s'en sortir notre Robinson moderne?
Rapidement, il réalise qu'il n'est pas seul, et que quelqu'un semble veiller sur lui. C'est là que le titre prend tout son sens.

Un beau roman d'aventures avec en fond une amitié mémorable. Belle narration captivante, à la 1ère personne: beaucoup de détails sur la survie en mer puis sur l'île.

"Quand la plage s'arrêta net, il fallut de nouveau entrer dans la forêt. Là aussi, je trouvai un étroit sentier que je suivis. Cependant, la forêt devint bientôt impénétrable, sombre et menaçante. On n'entendait plus les cris des singes, mais quelques chose d'infiniment plus menaçant: des feuilles froissées, des craquements de branches,des bruissements furtifs. Ils étaient là, je le sentais, tout autour de moi.J'en étais sûr, maintenant, des yeux nous épiaient. Nous étions suivis."

lundi 15 août 2016

Lennon, de David Foenkinos

             Alors vous allez me dire que je poursuis avec les biographies, mais ceci n'en est pas une, enfin pas véritablement. Je m'explique: Foenkinos fait parler Lennon à la première personne, et imagine 18 séances de confessions ( à un journaliste? à un psy?) durant la période de cinq années de pause médiatique du Beatles, de 1975 à la veille du 8 décembre 1980, jour de son assassinat par un déséquilibré.



On en apprend des vertes et des pas mûres sur John! Je ne m'étais jamais interrogée sur lui: sa musique m'avait bercé depuis toujours, grâce aux vinyles de Maman. Je me souviens de cette pochette de 45 tours où les quatre ne sont pas les mêmes face A et face B: les fameux "garçons dans le vent" que j'ai découverts dans les années 90 avaient pour moi le parfum de l'adolescence de ma mère, et je ne soupçonnais en rien la folie dévastatrice que cela a été.



Avant cette folie, il y a d'abord eu une enfance atroce, abandonné par ses parents. Faut-il donc avoir souffert pour écrire magnifiquement de la musique? ou bien le talent est-il inné?
puis une célébrité incroyable et ravageuse, puis tous les excès qui le mènent à sa perte après avoir tout gagné, et enfin la rencontre décisive avec Yoko Ono.



Portrait étonnant d'un musicien magique, dans lequel la première personne nous permet d'entrer au plus intime de ses pensées. Un livre très intéressant lu en une après-midi, où l'on se réécoute avec plaisir des chansons mythiques.







George Sand, par Martine Reid

Une fois n'est pas coutume, une biographie, conseillée par une amie chère.
Magnifique destinée d'une femme immense par le talent, et l'oeuvre.
Quel colossal travail pour une femme qui a traversé son siècle et ne s'en est pas laissé conter. Quel courage, quel énergie: on est admiratif tout au long du livre et la réalité n'a rien à envier à la fiction pour la fondatrice d'un genre littéraire: l'autobiographie au féminin.

Quelle liberté, quelle audace, quelle force se dégage de cet être! Elle analyse son époque, fonde des journaux, participe à la vie politique républicaine, oeuvre pour les droits (balbutiants) des femmes, s'habille donc en homme, fume la pipe, gère un immense domaine, écrit la nuit, subvient aux besoins de ses nombreux boulets (enfants, amants), enterre Chopin, Musset, adore littéralement la vie et n'arrête jamais.
 Quelle vie!


 " Vivre! Que c'est bon! malgré les chagrins, les maris, l' ennui, les dettes, les parents, les cancans, malgré les poignantes douleurs."

"Etre artiste! oui, je l'avais voulu, non seulement pour sortir de la geôle matérielle où la propriété nous enferme (...) pour m'isoler du contrôle de l'opinion (...) pour vivre en dehors des préjugés du monde (...) et avant tout, pour me réconcilier avec moi-même."