vendredi 16 août 2013

Accabadora, de Michele Murgia, une plume sarde qui ressuscite une Sardaigne aujourd'hui disparue

   De retour de Sardaigne, où j'ai exploré avec bonheur et des amis le pays, de Cagliari à Alghero en passant par la spiaggia di le perle et Mari Pintau, je décide de vous faire partager une lecture d'une auteur sarde, née à Cabras, non loin de Oristano (Vous voyez comme je maîtrise la topographie sarde à présent).

Accabadora est son premier livre traduit en français et excelle à nous plonger dans l'ambiance d'un village sarde du début du siècle. Cette atmosphère de non-dit me fait penser à la vendetta corse de Mérimée, aux femmes fières et fortes au visage buriné par le soleil, aux caractères insulaires entiers et aux traditions tenaces et omniprésentes.



L'accabadora est la dernière mère. Celle grâce à qui on trouve la paix. Elle oeuvre la nuit, drapée de noir. Mais lorsque "sa fille e anima", sa fille de l'âme, Maria, la voit sortir dans l'obscurité, elle s'inquiète et s'interroge. Que fait-elle donc? Le mystère plane longtemps et la vérité sera d'autant plus difficile à entendre, Maria a encore beaucoup de choses à apprendre...

Un extrait: " Durant les cinq années suivantes , Bonaria Urrai s'abstint de sortir la nuit, mais Maria ne le remarqua peut-être pas,trop occupée à se découvrir enfin fille légitime. Ce fut une réussite et, quand elle entra en septième, le village de Soreni avait accepté depuis longtemps cette étrange association. On avait cessé d'en parler au bar, et, dans les conversations qu'on échangeait à l'heure du crépuscule, sur le pas de la porte, la vieille femme et la fillette avaient laissé place à des nouvelles plus fraîches ou plus croustillantes: la fille de Rosanna Sinnai s'était fait engrosser par on ne savait qui, favorisant cet oubli et le cours normal des mauvaises langues."

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