dimanche 1 septembre 2013

La femme au miroir, d' Eric-Emmanuel Schmitt

    Comme souvent chez l'auteur, on saisit la cohérence du livre et des personnages au fur et à mesure du roman. Cela aurait pu être trois nouvelles,  c'est une seule et même histoire.

     Trois femmes: Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, prête à épouser un homme qui l'indiffère, préférant regarder voleter un papillon et sentir vibrer le monde plutôt que de se concentrer sur les essayages de sa robe nuptiale.
                           Hanna vit dans la Vienne impériale de Sigmund Freud, s'est marié avec un époux idéal, bon parti, doux et attentionné. On attend d'elle un héritier.
                           Anny vit à Hollywood de nos jours. Actrice adulée, elle se plonge dans la drogue et l'alcool pour rêver d'une autre vie.



Très vite, avec l'onomastique (Anne, Hanna, Anny), on songe que c'est une seule et même femme. Puis on comprend que c'est plus profond que cela. Les liens se tissent, le fil de l'intrigue se dénoue.
Elles se ressemblent tellement! Elles sont à part dans leur époque, incomprises de leurs contemporains.
Elles se perdent, se cherchent, refusent le rôle que leur imposent les hommes: elles veulent être maîtresses de leur destinée.
Quelle femme ne s'est pas tenue devant un miroir en se demandant: "Qui suis-je?", "Pourquoi suis-je au monde?"

" Sitôt qu'elle rentrait au coeur d'une méditation, en fixant l'azur, en observant les poissons, en suivant le voyage des oiseaux, ce n'était ni les uns ni les autres qu'elle voyait, mais l'énergie qui les sous-tendait, la joie qui amenait la vie, l'ivresse de la création. Sous le bienfaisant tilleul, elle quittait tout: elle d'abord, le monde matériel ensuite, puis, au pic brûlant de l'expérience, elle échappait aux mots, aux idées, aux concepts. Ne demeurait que ce qu'elle ressentait. Elle avait l'impression de se dissoudre dans la lumière infinie qui tramait la toile du cosmos."

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